David Valdès et Dariia Kuzenkina

David Valdès et Dariia Kuzenkina
Interview croisée de Dariia et David, apprenti·e·s CFC au Domaine : elle en tant qu’employée de commerce à la réception, lui comme agent d’exploitation. Tous les deux participent au programme de formation que le Domaine propose dans les métiers de l’hôtellerie-restauration. Ce programme, principalement destiné aux personnes issues de la migration, a pour objectif de favoriser une insertion durable sur le marché du travail.
Bonjour, pouvez-vous vous présenter ?
David Valdès : Bonjour, je m'appelle David Valdes. Je viens du Panama où j'ai été agent de police pendant 10 ans dans les opération spéciales de la garde présidentielle...
Dariia Kuzenkina : Je m’appelle Dariia Kuzenkina. J’ai eu un master en traduction, de l'anglais au français, à L’université nationale linguistique de Kiev. Ça fait trois ans que...
David Valdès et Dariia Kuzenkina
Bonjour, pouvez-vous vous présenter ?
David Valdès : Bonjour, je m’appelle David Valdès. Je viens du Panama où j’ai été agent de police pendant 10 ans dans les opérations spéciales de la garde présidentielle et suis arrivé ici au mois de juin 2021. J’ai commencé en tant qu’assistant en cuisine. Ensuite, j’ai fait la plonge pendant un an et demi. Après j’ai commencé un apprentissage comme agent d’exploitation. Je suis en deuxième année.
Dariia Kuzenkina : Je m’appelle Dariia Kuzenkina. J’ai fait un master en traduction, de l’anglais au français, à l’Université nationale linguistique de Kiev. Ça fait trois ans que je suis en Suisse. J’ai commencé le préapprentissage pour m’intégrer. Maintenant, je suis en train de faire ma première année de CFC d’employée de commerce. Ça m’a beaucoup aidée à m’habituer à la vie ici et à changer de voie vers quelque chose qui me fait avancer.
Qu’est-ce qui vous a motivé à vous lancer dans une formation ?
DV : Pour moi, c’est de pouvoir offrir une meilleure qualité de vie à ma famille et aussi pour de meilleures opportunités de travail. En résumé, un meilleur avenir.
DK : Ce qui m’a poussée, c’est mon goût grandissant pour les relations humaines, l’aide aux clients et les affaires. Même si j’ai fait des études universitaires en langues et en traduction, j’ai réalisé en venant en Suisse que je cherchais un travail plus concret et basé sur les interactions. Le secteur hôtelier m’a offert la chance d’améliorer mes talents de communication et d’apprendre à satisfaire les attentes des clients dans un contexte très différent.
Que vous apportent ces formations ?
DV : Pouvoir mieux communiquer parce que la langue c’est la barrière la plus difficile pour moi. Lorsque je suis arrivé en Suisse, je ne savais pas parler le français. Ce que j’apprends en formation me permet d’améliorer la qualité des bâtiments ici. Je peux aussi mieux expliquer l’utilisation de chaque produit aux collègues des différents services de l’intendance, de la cuisine ou aussi pour l’entretien des extérieurs.
DK : Depuis le commencement de ma formation, j’ai acquis des habiletés en service à la clientèle, résolution de conflits, vente et communication dans le milieu professionnel. De plus, j’ai pu m’améliorer en collaborant au sein d’équipes et en gérant les interactions en direct avec les clients, ce qui a renforcé ma confiance.
Y a-t-il eu un moment marquant ou une difficulté particulière que vous avez rencontrée ? Comment l’avez-vous surmontée ?
DV : Avant ma formation, j’étais déjà agent d’entretien au Domaine. On m’a proposé cette formation pour avoir un diplôme. Comme je suis le seul agent d’entretien sur place, ce n’est pas toujours facile, mais je peux compter sur l’aide de mes collègues formés et expérimentés du CIS.
DK : L’une des choses difficiles a été de m’habituer à l’apprentissage en deux parties (en dual) en Suisse. C’est très distinct de mon expérience passée. J’ai résolu ce problème en restant motivée, en demandant de l’aide quand j’en avais besoin et en voyant tout nouveau défi comme une chance d’apprendre.
Comment imaginez-vous votre avenir ?
DV : À la fin de ma formation, j’aimerais pouvoir évoluer. Je pense que j’ai la capacité pour poursuivre avec une autre formation. J’aimerais bien devenir chef d’équipe ou formateur.
DK : Je veux avancer dans l’industrie hôtelière, vers des postes de supervision ou de marketing. J’aimerais utiliser mes compétences linguistiques et communicationnelles pour améliorer les services dans les hôtels et travailler dans les pays étrangers. En outre, je suis très motivée pour acquérir de l’expérience dans les domaines de la gestion et du service à la clientèle, ce qui me permettrait de contribuer efficacement à la satisfaction des hôtes et à la promotion des hôtels dans les marchés internationaux.
Si vous deviez donner un conseil à quelqu’un qui hésite à se lancer dans un parcours similaire, que lui diriez-vous ?
DV : Il n’y a rien d’impossible. Il y a des sacrifices à faire pour une meilleure qualité de vie. Il faut le faire pour trouver le meilleur poste. Il faut aussi être courageux. Il faut maintenir la motivation. Il y a toujours quelqu’un qui va t’ouvrir la porte pour t’aider, toujours. Les jeunes qui seront en formation dans le futur, ils peuvent compter sur moi. Je peux les aider, les guider, je peux leur expliquer.
DK : Je lui dirais de ne pas craindre de changer de chemin, même si ça veut dire tout recommencer. Chaque expérience apporte de la valeur, et la formation en Suisse offre de belles chances de progresser. Quand on est motivé et disposé à apprendre, on peut vraiment réussir.
Marcos Barreiro, Responsable Unité Technique

Marcos Barreiro, Responsable Unité Technique
Marcos est responsable de l'Unité Technique depuis 2 ans. Notre atelier intégré chez Groupe E à Matran est sous sa supervision.
Comment gère-t-on un atelier intégré dans une entreprise comme Groupe E ?
De manière générale, selon les mêmes principes qu’une entreprise classique, mais en accordant une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs (bénéficiaires) et à leur environnement de travail. Il est essentiel de s’aligner sur le mode de fonctionnement de l’entreprise partenaire, afin de traduire et d’adapter ses besoins à nos capacités et moyens, tout en protégeant nos collaborateurs. Il faut également faire preuve de créativité pour rendre le travail accessible à nos collaborateurs (FALC, gammes opératoires, séances d’information régulières, etc.).
Marcos Barreiro, Responsable Unité Technique
Comment gère-t-on un atelier intégré dans une entreprise comme Groupe E ?
De manière générale, selon les mêmes principes qu’une entreprise classique, mais en accordant une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs (bénéficiaires) et à leur environnement de travail. Il est essentiel de s’aligner sur le mode de fonctionnement de l’entreprise partenaire, afin de traduire et d’adapter ses besoins à nos capacités et moyens, tout en protégeant nos collaborateurs. Il faut également faire preuve de créativité pour rendre le travail accessible à nos collaborateurs (FALC, gammes opératoires, séances d’information régulières, etc.).
Qu’est-ce que cela implique en termes d’accompagnement ?
Prendre le temps d’accueillir les collaborateurs en début de journée et de sonder l’état d’esprit ou de santé du collaborateur, afin de tenir compte des difficultés et de pouvoir ainsi adapter le travail et le réaliser dans des conditions optimales. Le but est de faire en sorte que le collaborateur se sente bien et compris. Il faut également prendre le temps d’expliquer au collaborateur la finalité de sa tâche, afin de mettre en valeur son travail et d’entretenir sa motivation.
Comment se passe la collaboration avec l’entreprise partenaire, Groupe E ?
La collaboration avec l’entreprise partenaire se passe bien. Au début, il faut bien sûr la rassurer sur la collaboration, mais dans le temps, le résultat parle de lui-même ! Il est également essentiel d’impliquer l’entreprise partenaire afin qu’elle comprenne la réalité vécue par nos collaborateurs et puisse ainsi proposer des missions adaptées à leurs compétences.
Est-ce que Groupe E a dû revoir ses processus pour inclure l’équipe CIS ?
La standardisation des produits s’est avérée essentielle afin de bénéficier de l’effet de série et de pouvoir déléguer efficacement les tâches à nos collaborateurs. L’intégration des collaborateurs du CIS a ainsi contribué à accélérer l’industrialisation des processus de production de Groupe E, déjà en cours précédemment.
Qu’est-ce que cela apporte à ton équipe ?
De la valorisation au sein de l’équipe, qui s’identifie clairement à Groupe E, pour qui nous travaillons. Et cela permet également un partage d’expériences, qui aide à mieux comprendre les enjeux liés à l’emploi en atelier intégré et à se projeter dans d’autres environnements professionnels. Par ailleurs, certains modes de fonctionnement observés chez Groupe E peuvent nous inspirer et être adaptés au CIS.
Est-ce qu’une personne en poste adapté accepte facilement d’aller travailler en atelier intégré ?
Cela dépend des profils. Certains préfèrent travailler dans un atelier intégré car ils se sentent davantage valorisés. D’autres ne veulent pas retrouver une dynamique trop stressante ou se sentir jugés par leurs situations de handicap. Mais l’expérience des uns peut donner envie à d’autres de tenter l’expérience !
Est-ce que le passage en atelier intégré pourrait permettre à certains collaborateurs de se sentir assez à l’aise pour envisager un emploi accompagné en entreprise ?
Oui certainement, mais pas pour tous ! Sur le principe, la plupart pourraient envisager un passage vers l’emploi accompagné. Cependant, sur le plan psychologique, cette transition reste difficile à considérer pour certains. L’atelier intégré joue alors un rôle clé en contribuant à dédramatiser l’idée de ne pas pouvoir réintégrer l’économie ordinaire. Certains bénéficiaires de l’atelier de Matran gardent l’espoir d’y parvenir un jour et l’emploi accompagné représente une étape supplémentaire vers cet objectif. Pour d’autres, en revanche, l’atelier intégré répond pleinement à leurs attentes, et ils ne souhaitent pas nécessairement aller au-delà.